La valeur du Collectif
Dans un groupe d’individus, la somme des valeurs produites séparément est inférieure à la valeur créé par tous, collectivement…
Vaste question que l’on est en droit de se poser lorsqu’on dirige un collectif qu’il soit d’entreprise ou d’ailleurs. Cela revient à affirmer qu’un groupe d’individus va toujours plus loin, plus haut, que ces mêmes individus isolés dans leur travail dont l’objet aurait été découpé en parties, toutes calibrées scientifiquement pour que l’œuvre globale soit réalisée « dans les meilleures conditions possibles ».
Le tout est plus que la somme des parties – Aristote
A priori, si Aristote a raison, ça aurait de grandes chances de se vérifier mathématiquement, non ? Pourtant pas si simple d’après Jean-Paul Delahaye, Professeur émérite à Lille 1 (Un Big UP pour les Nordistes dont je fais partie). En effet, ce chercheur en Théorie de la complexité, Finance computationnelle, et autres Théorie du hasard, l’explique lui-même :
J’ai toujours été agacé par la maxime «Le tout est plus que la somme de ses parties» due au grand Aristote. Elle a été commentée mille fois et presque toujours applaudie sans beaucoup de sens critique. La raison de cette agacement est que je ne voyais pas à quoi pouvait correspondre sérieusement —c’est-à-dire mathématiquement ou logiquement— ce « plus » que posséderait toujours le tout sur la somme de ses parties. JP Delahaye in « Les Blogs de Pour la Science«
Et Jean-Paul Delahaye de nous emmener dans des analyses et démonstrations clairement expliquées dans son article. Pédagogue, il nous conduit à manier les différentes hypothèses mathématiques basées sur les notions de valeur, de complexité, de profondeur logique, mais qui obstinément reviennent à contredire Aristote.
Contredire, jusqu’à un certain point. Ce n’est qu’après plusieurs tentatives qu’un élément de preuve apparait enfin :
C’est là que j’ai eu une surprise, il existe des cas où on peut établir avec certitude (ce qui est assez difficile quand on manie le concept de profondeur logique) que la complexité d’un tout composé de plusieurs objets sera supérieure à la complexité de la somme de chacun d’eux. JP Delahaye
Et tenez vous bien…. La mesure mathématique permettant de vérifier à coup sûr la maxime d’Aristote s’appelle la « Profondeur logique de Bennett » et a pour objet de mesurer la « complexité structurelle », autrement dit la « richesse en organisation ». Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de l’industrialisation et de la standardisation ?
Il existe peut-être d’autres procédés formels (non illusoires) donnant un sens à la maxime d’Aristote, mais celui qui s’appuie sur la profondeur logique de Bennett appliquée à l’association de deux objets structurés et corrélés est probablement central du fait de sa place au sein de la théorie algorithmique de l’information qui est la théorie la plus générale de l’information. Dans les systèmes complexes, comme les sont les organismes vivants ou les écosystèmes, les interdépendances font qu’on est le plus souvent dans une situation semblable… JP Delahaye
Ce procédé s’applique aux systèmes complexes. L’être humain est un « système complexe », composant d’un ensemble dont les interactions doivent pouvoir se libérer pour être en capacité à produire une valeur supérieure à celle qu’un individu isolé aurait été amené à produire. Libérer l’individu des procédures qui l’empêchent de communiquer avec son environnement, pourrait pourrait commencer par libérer la parole au sein du groupe.
Collectif : S’impliquer, passer l’acte
Retrouver une performance collective qui fait défaut, n’est pas juste une affaire de méthode gestionnaire et d’organisation scientifique du travail. Les différents niveaux qui composent l’organisation d’un projet, d’une entreprise, d’un collectif de travail, étant tous en relation, l’approche systémique semble encore la plus efficace. Dans les systèmes les plus performants, la vision entrepreneuriale, la stratégie affirmée, incarnée, représentent des piliers fondateurs sur lesquels viennent s’installer durablement le dynamisme et la créativité.
Par l’implication de tous, l’engagement du leader, la confiance peut de nouveau pointer le bout de son nez et la parole de se libérer de plus en plus, redonnant au travail un espace d’expression nécessaire à l’innovation tant espérée par les organisations. Alors, les utopies prennent parfois corps. Les objectifs se précisent. L’entreprise peut décoller et se diriger, portée par les énergies individuelles et l’intelligence collective.
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