Terranova publie son rapport sur le bonheur au travail
Qualité de vie au travail, c’est le bonheur ? Bon, pas tout à fait, Terranova, cette « fondation progressiste » publie un rapport sur la qualité de vie au travail grâce auquel on peut vérifier que l’amélioration de la qualité de vie au travail est un facteur de compétitivité pour nos entreprises. Ce qui est rassurant c’est que nous étions un certain nombre à le penser depuis plusieurs décennies. Ce qui est inquiétant c’est que d’autres pensent toujours le contraire, malgré le rapport de Terranova.
Et pour cette fois encore, ce sont des poids lourds, spécialistes des conditions de travail, qui s’y collent : rien de moins que la Fabrique de l’industrie qui tweet régulièrement et par exemple :
Ou aussi
Quand on voir les horaires de ces tweets, on espère pour leur community manager qu’ils ont mis leur principe d’automatisation en action…
Autre contributeur à ce rapport : le réseau des Agences pour l’Amélioration des Conditions de Travail, nationale et régionales ( Anact / Aract ) dont les priorités sont le management du travail, la qualité de vie au travail, la santé au travail et la prévention de l’usure professionnelle.
On se sent en bonne compagnie avec ce collectif !
Que dit le rapport de Terranova sur le Bonheur au travail ?
Vous pouvez en lire la synthèse ici. Globalement, Terranova commence par nous préciser que le salarié n’attend pas que les actionnaires fassent son bonheur. C’est une chance, me direz-vous. Après avoir interviewé une dizaine d’entreprises française dont Blablacar, Airbus et Valeo on comprend encore qu’il s’agit surtout de donner de l’autonomie au « collaborateur » et susciter son « engagement ». Ah oui… donner de l’autonomie, aurait probablement à voir avec cesser d’empêcher de travailler par trop de contrôle et de procédures inapplicables. Nous aurions tendance à traduire ça chez No Trouble par :
« Suprimons les BullShit Jobs ! »
Pour libérer le Travail : « Il faut soutenir les managers »
Nous vous invitons page 108 du rapport où il est écrit que « le rôle des encadrants de proximité est déterminant pour la mise en place de nouvelles formes d’organisation ». Oui, c’est sûr. Et même, ça fait du bien comparativement aux contributions qui tendent à démontrer que le manager de terrain est l’unique responsable de l’augmentation de l’impact des risques psychosociaux dans l’entreprise. Il est également précisé que le rapport au réel, systématique quand il s’agit de gérer des chaînes de production industrielles, n’est pas très facile à prendre en charge par les jeunes managers, peu expérimentés, ou qui n’ont pas été formés à être à l’écoute du terrain. Nous pouvons, chez No Trouble, confirmer que c’est le cas aussi en ce qui concerne les travailleurs du savoir, ceux qui produisent des services et dont l’objet est immatériel. Qu’il s’agisse du balayeur, de la femme de ménage, ou de l’ingénieur informatique.
Autre élément intéressant du rapport : les débats encouragés à la base de l’organisation doivent être rendu possibles à tous les échelons du système hiérarchique. Toute la ligne de management doit pouvoir « se transformer aussi rapidement que le terrain l’exige ».
La qualité de vie au travail, une injonction paradoxale ?
On voit bien, encore une fois, que le rapport de Terranova met en évidence la responsabilité pleine et entière de la Direction au plus haut niveau de l’organisation. Car en effet, ce n’est pas parce qu’on nomme une « Chief Happiness Officer » comme le fait le Gouvernement Belge ou que l’on intime l’ordre à des Managers de « Libérer l’entreprise » que le changement fera son œuvre. Il est majeur, pour susciter l’engagement des salariés (managers ou non) d’avoir une vision stratégique et de la partager avec l’ensemble de l’organisation. Encore faut-il à ce moment-là que cette vision stratégique ne se limite pas à réduire les coûts et satisfaire le besoin de rentabilité financière des actionnaires. Sinon, la démarche de Qualité de Vie au Travail (QVT) pourrait bien se transformer en chaîne de production automatisée de Burnouts « toutes options » et de suicides sur le lieu de travail, en moins de temps qu’il ne faudra pour le penser.
Pour télécharger le rapport Terranova dans sa globalité :
http://tnova.fr/system/contents/files/000/001/242/original/11102016_-_QVT.pdf?1476173895